FRONDAISONS
LA FABRIQUE DE L'IMAGE D'UN MAQUIS DE L'ARGOAT
2019
Ces photographies ont été réalisées dans le cadre d'une résidence de territoire intitiée par la DRAC Bretagne, en partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne (Brest) et la galerie L'Imagerie (Lannion).
L’Etang Neuf se situe au coeur de l’Argoat, sur la commune de Saint Connan dans les Côtes d’Armor, aux sources du Trieux.
En 1143, des moines cisterciens bâtissent une abbaye dans le bois de Coat-Mallouen jouxtant la berge sud de l’étang et dont il subsiste aujourd’hui des ruines. Ce site est choisi en 1944 par la résistance guingampaise pour établir un maquis, véritable camp retranché sous le nom de maquis de Plésidy-Saint Connan.
Le maquis est constitué de plus de 300 hommes dont la moyenne d’âge est de 22 ans, et dont beaucoup sont des lycéens venus de Guingamp. Le camp de base installé dans la forêt est idéal pour mener des embuscades contre l’occupant. Le maquis affronte les troupes d'occupation lors des combats du 27 juillet 1944 puis participe à la Libération de Guingamp et de sa région.
Parmi les nombreuses archives photographiques, objets et témoignages présentés au musée, un extrait d’un film datant de 1945 est projeté. Ce film, longtemps resté dans les archives familiales et aujourd’hui déposé à la Cinémathèque de Bretagne (Brest), a été réalisé par le photographe Anselme Delattre et de son fils Guy, alors âgé de 14 ans.
Un an auparavant, muni de l'appareil photo et de la caméra de son père, il photographiait la Libération de Guingamp le 7 août 1944. En août 1945, père et fils font reconstituer aux maquisards les combats de la Libération. Dans le bois de Coat- Mallouen les maquisards jouent leur propre rôle, d’autres celui des Allemands. Pourquoi ce film, pourquoi en 1945 , Quels sont les enjeux d'une telle reconstitution ?
Le Musée de la Résistance en Argoat a invité Sophie Zénon à réaliser une recherche visuelle sur ce haut lieu de la résistance bretonne.
Par couches successives, dans des images mêlant prises de vues en forêt, photogrammes et projections, Sophie Zénon fabrique et scénographie un paysage mémoriel dans lequel les corps sont des spectres, porteurs d’enjeux historiques et politiques. De ses évocations puissantes naissent des archives poétiques d’une histoire contemporaine.
Dans une vidéo, Sophie Zénon opère une plongée dans le film Delattre. Recadrages au plus près des visages, solarisations, superpositions, elle se livre à un montage où dans des séquences d’apparition et de disparition des visages, elle fouille au plus près de ce que l’image peut nous révéler.
Dans un court documentaire, elle invite Fabrice Grenard, directeur historique de la Fondation de la Résistance à Paris, à décrypter les films réalisés par Anselme et Guy Delattre. Il nous offre, à partir d'un choix de phonogrammes, quelques clefs pour leur compréhension.
Exposition :
- Musée de la Résistance en Argoat (Saint-Connan, Côtes d'Armor)
du 15 décembre 2019 au 30 mars 2020