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Artiste photographe, Sophie Zénon articule son oeuvre autour de thèmes récurrents – la mémoire, l’histoire, la perte, le passage du temps – évoqués au travers de la relation du corps au paysage. Elle travaille par cycles successifs, composés chacun de plusieurs volets (Asies, In Case We Die, Arborescences, Rémanences). Des plaines de Mongolie aux paysages meurtris de l’Est de la France, des rizières du piémont italien de ses ancêtres aux momies de Palerme, elle créé des ponts entre histoire intime et patrimoniale, où "le présent est un réceptacle de temps et d’histoires accumulées (...) qu’elle cristallise par la trace, la métaphore et le merveilleux, en leur donnant une forme à chaque fois renouvelée " (*).

Photographies, archives réactivées, livres d’artiste, vidéos, installations, mais aussi gravures sur verre, monotypes, estampages tissés et modelés … l’oeuvre de Sophie Zénon se déploie en une narration polyphonique, révélant la place importante qu’accorde l’artiste à l’expérimentation, à la matérialité et à l’hybridation des médium menée parfois avec la complicité d’artisans d’art. De sa pratique naissent des oeuvres organiques, vibrantes et poétiques, guidées par les notions de fragilité, d’impermanence et de souffle de vie.

Sophie Zénon est née en Normandie, elle vit et travaille à Paris.

Après des études d’histoire contemporaine, d’histoire de l’art puis d’ethnologie sur le chamanisme en Asie extrême-orientale (Mongolie, Sibérie) sous la direction de l’anthropologue Roberte Hamayon, elle initie sa pratique à la fin des années 1990 par des miniatures délicates de paysages réalisés en Mongolie. Dans ce pays qui la fascine pour le rapport intime de ses habitants à la nature et aux forces spirituelles qui l’animent, elle voyagera pendant plus de dix années. De 2008 à 2011, elle réalise plusieurs travaux en relation avec les questions de la représentation du corps après la mort (cycle In Case We Die). À partir de 2010, elle commence un nouveau cycle, Arborescences, un essai autour du deuil, de l'exil et de la mémoire familiale, abordant la question du paysage, des liens unissant territoire, mémoire et construction de soi. Ses plus récents travaux (cycle Rémanences, depuis 2017) s’attachent à la mémoire des paysages et notamment des paysages de guerre sous l'angle du végétal tour à tour supplicié, marqueur de l’histoire et de ses traces, fragile mais toujours nourricier et renaissant.

Ses oeuvres ont intégré des collections publiques (Bibliothèque nationale de France, Maison Européenne de la Photographie, Mobilier national, Manufacture de Sèvres, Musée de la Photographie de Bièvres...) et de nombreuses collections privées. Elles sont exposées en Europe et à l'international depuis 2000 dans des lieux prestigieux tels que, à Paris, le Palais de Tokyo, la BNF, le Mobilier national, la galerie Thessa Herold, la Fondation Pierre Bergé / Yves Saint Laurent, et aussi la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis), la Fondation François Schneider (Wattwiller), Le Houston Center for Photography (Etats-Unis).

Elle a obtenu plusieurs reconnaissances dont le soutien à la création d'oeuvres d'art de la Fondation des Artistes (2022), le prix Eurazeo (2019), le prix "Résidence pour la photographie" de la Fondation des Treilles (2015), le prix Kodak de la Critique (1999) et a été finaliste de la Villa Kujoyama (2023), du Prix Niépce (2015), du prix photo Marc Ladreit de Lacharrrière / Académie des Beaux Arts (2024).

Elle est représentée par la Galerie XII à Paris et Los Angeles.

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(*) " (...) Photogrammes de toute beauté, photographies de paysages, archives réactivées et livre d'artiste : la narration polyphonique ne se réduit pas à un seul support ou procédé. Le présent est un réceptacle de temps et d'histoires accumulées, oubliés mais pas morts. Comme à son habitude, Sophie Zénon les cristallise par la trace, la métaphore et le merveilleux et leur donne une forme à chaque fois renouvelée, délicate et vivante".

Christine Coste, journaliste. L'Oeil, mai 2023

"Elle en convient volontiers : l’approche expérimentale et sensible de Man Ray ou d’André Kertész lui correspond mieux que la froideur conceptuelle de l’École de Francfort. Néanmoins, ces deux démarches influencent son œuvre et nourrissent la liberté dont elle fait preuve dans le maniement du médium photographique et des multiples ressources qu’offre le tirage argentique. (...) Historienne et ethnologue de formation, Sophie Zénon aborde la photographie par des chemins détournés. De par ses nombreux voyages en Mongolie et son intérêt pour le chamanisme, elle entretient un rapport particulier avec la nature, l’esprit des lieux, le rapport aux morts. Certains paysages en noir et blanc dégagent une poésie lancinante qui, comme la peinture chinoise traditionnelle, relève d’une métaphysique."

Elisabeth Couturier, critique et historienne de la photographie. Connaissance des Arts, mai 2023

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De séries en séries, – de l’Homme-Paysage (Alexandre) à Dans le miroir des rizières (Maria) - la démarche de Sophie Zénon est tout entière mue par cette idée filée selon laquelle construire le paysage par la photographie c’est étudier simultanément la nature et la photographie, explorer concrètement et expérimentalement l’une et l’autre, plutôt que de chercher à reproduire photographiquement des paysages préexistants (...). Esthétiquement, l’œuvre de Sophie Zénon condense deux lectures du paysage : l’une, critique, interroge l’histoire d’une guerre qui a marqué le paysage et les consciences, l’autre, en tant que résurgence du sentiment romantique du sublime, élabore le lexique photographique d’un « nouveau pittoresque ».

Héloïse Conesa, conservatrice du patrimoine, chargée de la collection de photographie contemporaine au département des Estampes et de la Photographie de la BnF. Préface à "Pour vivre ici" (éditions LOCO, Paris 2019).

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